Pourquoi l'expression "champion de mémorisation" est parfois un peu ridicule, du moins dans mon cas.

 
Francis Blondin est le “Canadian Memory Champion”. Si c’est écrit sur Internet, c’est sûrement vrai!

Francis Blondin est le “Canadian Memory Champion”. Si c’est écrit sur Internet, c’est sûrement vrai!

 

Mise à jour importante: ToutRetenir.com est mon nouveau site d’instruction gratuit touchant à tout ce qui concerne directement ou indirectement la mémoire et l’apprentissage. Artdelamemoire.org n’est plus mis à jour depuis bien longtemps. Je vous conseille donc de laisser de côté ce site et de vous rediriger vers toutretenir.com.

Si vous vous amusez à googler l’expression “champion canadien de la mémoire”, c’est probablement mon nom et mon visage que vous allez voir apparaître le plus souvent. Je peux à la fois dire que cela m’honore, que cela m’amuse et que cela m’embarrasse un peu. Je vais continuer d’utiliser ce titre pour diverses raisons, notamment parce que c’est très pratique lorsque je souhaite convaincre les gens de cliquer sur mon site ou de se déplacer pour l’un mes ateliers. On ne peut pas dire que c’est un mensonge. J’ai bel et bien remporté, en 2016 puis de nouveau en 2017, une compétition qui porte le nom de Championnat canadien de la mémoire. Je suis bel et bien parvenu à correctement mémoriser, en compétition, 126 mots aléatoires en 15 minutes, 180 chiffres en 5 minutes et l’ordre d’un jeu de cartes complet en une minute et 6 secondes. Sauf que cela ne signifie pas du tout ce que les gens s’imaginent que cela signifie. C’est quelque chose que je vais (presque) toujours préciser en conversation, en entrevue ou en conférence. Ce petit article vise à dissiper toute confusion qui pourrait encore perdurer à ce sujet.

  • Si je m’assois, que je me concentre et que je prends le temps d’utiliser des techniques de mémorisation, dans des conditions propices je peux parvenir à mémoriser plus ou moins n’importe quoi. L’ensemble du processus peut parfois être très rapide. C’est une habileté qui est merveilleuse, mais à chaque fois cela demande de petites ou de grandes doses d’efforts et de concentration. C’est un peu comme être capable de courir très rapidement ou très longtemps, c’est pratique mais ce n’est pas nécessairement de cette façon que l’on souhaite se déplacer partout où l’on va en permanence. Quand je n’utilise pas de techniques de mémorisation, soit la grande majorité du temps, ma mémoire n’est probablement pas meilleure que la vôtre. La mémoire naturelle et ce que j’appelle la mémoire entrainée sont deux choses complètement différentes. Je rencontre constamment des gens qui ont, de toute évidence, de bien meilleures mémoires naturelles que la mienne.

  • Je suis convaincu que si les techniques de mémorisation étaient davantage connues et pratiquées, et si l’apprentissage en général était mieux compris, mes habiletés de soi-disant “champion de la mémoire” seraient perçues un peu de la même façon que l’on perçoit un joueur de hockey amateur ou un joueur de guitare de niveau intermédiaire. On peut respecter le fait que cette personne ait pris le temps de développer cette habileté, mais on ne considère pas cela comme étant quelque chose d’exceptionnel.

  • Si au lieu de mesurer uniquement la vitesse en compétition, on mesurait la quantité d’information mémorisée à long terme, on se rendrait compte qu’il existe des multitudes de véritables “champions de mémorisation” parmi tous les peuples qui vivent sans écriture et sans électronique et qui doivent mémoriser tout ce qu’ils souhaitent retenir.

  • Le niveau qui est nécessaire pour remporter les championnats nationaux de mémorisation en Chine, en Mongolie et ailleurs est à des années-lumière de celui qui m’a permis de finir premier au Canada durant ces deux années. Ici, les compétitions de mémorisations sont malheureusement encore très marginales. J’ai gagné contre une poignée de compétiteurs, pas contre l’ensemble du Canada! Notez aussi qu’en 2016, si mon ami Darren Michalczuk n’avait pas été un peu trop nerveux, c’est lui qui aurait terminé en première place. En 2017, je m’étais bien préparé et je pense bien que c’est moi méritait de gagner, mais les résultats ont été serrés et j’aurais très facilement pu inverser deux cartes et finir deuxième ou troisième.

C’est pour toutes ces raisons que je préfère me décrire comme étant un “soi-disant” champion de mémorisation. Ce n’est pas de la modestie, c’est juste de l’honnêteté!

Cela dit, quelques précisions s’imposent:

  • Ça ne signifie pas que je ne suis pas fier de ce que j’ai accompli. Et ça ne signifie pas non plus que je considère qu’il existe un “niveau” arbitraire en dessous duquel les performances d’une personne cessent d’être respectables. Je dis cela pour tous ceux et celles qui ont l’impression d’être “mauvais” quand ils se comparent à d’autres. Si quelqu’un à côté ou à l’autre bout de la planète est dix fois plus rapide que vous, c’est merveilleux et ça ne diminue en rien vos habiletés. Si vous avez commencé à vous pratiquer et que vous êtes récemment parvenu à, par exemple, mémoriser un jeu de cartes en 20 ou 10 minutes ou moins, c’est très loin des records du monde, mais ça reste génial et vous avez raison d’en être fier. Sans pratique et sans techniques de mémorisation, ces performances seraient impossibles à égaler pour moi et pour au moins 99% de la population.

  • Cela arrive que, comme moi en 2016, quelqu’un parvienne à devenir “champion national” en partie à cause d’une combinaison de conditions favorables. C’est ce qu’à mon avis on pourrait dire de tous les “USA Memory Champion” des dix premières années d’existence du championnat américain, de 1998 à 2008. Mais cela ne signifie pas que ce soit toujours le cas. Il arrive parfois que, même lorsque les participants ne sont pas très nombreux, le gagnant ou la gagnante d’une compétition soit réellement le meilleur ou la meilleure au pays. Je crois bien que ce soit le cas en ce moment de mon ami Braden Adams en Colombie-Britannique. En ce qui concerne ce qu’on appelle la “mémorisation sportive”, je pense qu’il est l’individu le plus doué que le Canada a connu jusqu’à présent. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne perde son titre, mais les chances sont faibles que ce soit moi parvienne à le détrôner. Éventuellement je vais me remettre à l’entrainement de façon plus régulière et je vais recommencer à m’améliorer plus rapidement, mais sachant qu’il va lui aussi continuer de progresser, ça m’étonnerait que je parvienne un jour à le rattraper.

  • Ça ne signifie pas non plus que vous ne devriez pas prendre au sérieux ce que j’enseigne sur ce site. La “mémorisation sportive” n’est que l’une des dimensions de l’art de la mémoire. Bien performer en compétition est une chose, savoir de quelles façons on peut aider de jeunes élèves, des personnes âgées ou des étudiants en médecine en une autre. Je pourrais être dix fois meilleur que je le suis et être un très mauvais enseignant, ou vice-versa. Un titre, c’est bien. Des connaissances et des compétences, c’est mieux. Je suis loin d’être un génie, je n’ai pas de doctorat en neuroscience, mon titre de “champion” 2016 et 2017 ne devrait pas être pris trop au sérieux, mais j’ai fait mes devoirs et je pense bien savoir de quoi je parle ( :

Les Grecs et les Romains ne sont pas les inventeurs des palais de mémoire

Dans le mon article où j’explique ce qu’est l’art de la mémoire, j’ai fait l’erreur d’associer l’histoire de cet art principalement avec les Grecs et les Romains ainsi qu’avec l’Europe du Moyen Âge et de la Rennaissance. À ma défense, cette erreur est on ne peut plus commune et on la retrouve sous différentes formes dans la plupart des ouvrages et des articles qui traitent du sujet. L’histoire de l’art de la mémoire est en fait beaucoup plus vaste et beaucoup plus intéressante. Je m’explique.

On oublie généralement comment les êtres humains ont vécu durant des dizaines de milliers d’années sans avoir l’accès à l’écriture ou à d’autres moyens d’externaliser leurs souvenirs et leurs connaissances. Ces hommes et ces femmes n’avaient peut-être pas accès à des bibliothèques, à des téléphones cellulaires et à des super ordinateurs, mais ils étaient tout aussi intelligents que nous et ils avaient le même besoin et le même désir de comprendre notre monde et d’accumuler du savoir. Tout ce qu’ils souhaitaient retenir, ils n’avaient pas d’autre choix que de le mémoriser. Perdre son chemin dans le Grand-Nord ou dans la jungle est une expérience qu’il est préférable d’éviter. Et si une plante permet de guérir une maladie rare tandis qu’une autre plante peut nous empoisonner, on ne souhaite pas devoir réapprendre ces leçons à chaque génération. Les Navajos d’Amérique du Nord pouvaient nommer et décrire plus de 700 espèces d’insectes. Les Hanunoos des Philippines pouvaient identifier et décrire 1625 espèces de plantes classées en plus de 890 catégories. Bien qu’il soit extrêmement rare que des scientifiques occidentaux aient pris la peine de répertorier précisément les connaissances qu’un peuple de chasseurs-cueilleurs possède dans tel ou tel domaine, on sait les Navajos et les Hanunoos ne sont pas des exceptions. Dans toutes les sociétés de chasseurs-cueilleurs, certains individus plus âgés ont entre autres comme fonction de servir de bibliothèque. Leurs prouesses de mémorisation n'ont pas grand chose à envier aux miennes ou à celles des soi-disant "champions de mémorisation" actuels. Ils s’intéressent non seulement aux plantes et aux insectes, mais aussi notamment aux animaux, aux oiseaux, à la configuration du terrain, aux étoiles, aux techniques de chasse et de cueillette, aux arts, à l’histoire et à la généalogie de leur peuple. Seulement une partie de ce qui est retenu a une quelconque utilité pratique. Tout le reste est étudié et mémorisé simplement parce que l’accumulation de connaissances est une source de plaisir, de satisfaction et de fierté.

Comment font-ils pour mémoriser autant? Principalement par des histoires, des chansons, des rituels, des danses, des oeuvres d’art et des objets auxquels on a mentalement associé des images et des histoires. Et comme une grande partie de ces histoires sont directement associées à des lieux, il est faux de déclarer que les Grecs seraient les inventeurs de la méthode des palais de mémoire. L’auteur australienne Lynne Kelly est celle qui de loin a le plus fait pour nous instruire sur la riche histoire de l’utilisation des techniques de mémorisation dans les sociétés sans écriture. J’étais quelque peu sceptique la première fois que je suis tombé sur ses travaux, mais je suis ressorti convaincu que Lynne Kelly est une scientifique brillante qui a fait le maximum pour tester sérieusement chacune de ses hypothèses et pour ne rien imprimer qu’elle serait incapable de démontrer. Si ce sujet pique votre curiosité, je vous encourage à cliquer sur n’importe quel de ces liens:

Je pense que les travaux de Kelly sont carrément révolutionnaires. Je suis heureux de voir ses deux derniers ouvrages attirer de plus en plus d’attention du public, des médias et des spécialistes, mais j’espère que ce n’est que le début et qu’une armée d’autres chercheurs va continuer d’explorer ces questions. Ces idées méritent d’être connues et comprises par tous ceux et celles qui s’intéressent à la psychologie et à l’histoire de l’humanité.

Vous ne devinerez jamais tout ce qu’il est mentalement possible d’entreproser dans un lukasa comme celui que l’on voit au milieu ici.

Vous ne devinerez jamais tout ce qu’il est mentalement possible d’entreproser dans un lukasa comme celui que l’on voit au milieu ici.

Un plan d’entraînement pour les motivé(e)s

Si vous ne souhaitez pas devenir un ou une maniaque du sujet, mais aimeriez tout de même développer une certaine aisance pour l’utilisation des techniques de mémorisation, voici une ébauche de plan d’entraînement pour débutant que je crois pouvoir suggérer. Il n’est pas obligatoire de s’adonner à ce type d’activité pour devenir doué avec l’utilisation des palais de mémoire, mais ça aide beaucoup.

Une période d’entraînement peut simplement se résumer à un 2 à 5 minutes de mémorisation suivies d’un 3 à 5 minutes de “rappel” (vérification de ce que vous êtes capable de vous remémorer). Bien entendu, n'hésitez pas à pratiquer plus longtemps si vous le souhaitez. Ces brèves périodes d'entraînement permettent de progressivement devenir plus doué dans l’acte de transformer l’information en images et de la visualiser. Cela nous permet également de développer une sorte d’intuition qui nous permet de juger à quel point le rappel futur va être facile ou difficile. Finalement, cela transforme nos cerveaux de façon subtile, comme les participants à cette étude. Il s’agit d’une activité “low stakes” qui est utile entre autres pour se préparer aux tâches plus importantes. Une fois les 20 ou 40 ou 100 ou 200 éléments d'information mémorisés, on cesse d’y penser et on laisse les images disparaître. Si nous avons procédé assez rapidement sans faire beaucoup de révisions, le palais de mémoire pourra de nouveau être utilisé pour d’autres choses 24 ou 48 heures plus tard. Au début, je recommanderais au moins disons deux ou trois périodes d'une dizaine de minutes chacune par semaine. Je commencerais par des mots aléatoires comme ceux ici, ici ou ici. Si vous préférez, vous pourriez également utiliser des sites d'entraînement comme ceux-ci.

Pourquoi des mots aléatoires? Parce qu’à mon avis il s’agit de la discipline qui est la plus indirectement utile quand vient le temps de mémoriser pour un examen, pour une présentation orale ou pour retenir les faits saillants d’un podcast ou d’un super livre que vous venez de lire. Dans bien des cas (pas tous oui je sais), ce que vous devez mémoriser peut être condensé en une pas trop longue série de mots-clés ou concepts-clés qui peuvent ensuite être retenus plus ou moins de la même façon qu’une liste de mots aléatoires. Si vous avez un examen à passer et que l’enseignant vous permet d’apporter une feuille remplie de mots-clés, pensez-vous que cette feuille va vous être utile? Avec l’art de la mémoire, cette feuille peut être mémorisée relativement facilement et vous pouvez être 99% certain que vous n’oublierez rien et que son contenu va resté accessible. Le fait de pouvoir mémoriser une telle liste avec facilité ne vous sauvera pas de devoir vous concentrer, de faire les associations nécessaires, de comprendre au moins une partie de ce qu’il y a à comprendre et de, au besoin, faire plusieurs exercices, mais cela risque fort de vous aider.

Un peu de la même façon qu’un amateur d’arts martiaux va faire du conditionnement physique et pratiquer ses techniques avant son premier combat, l’apprenti mnémoniste va idéalement d’abord se pratiquer un moment avec des exercices plus simples avant de s’attaquer aux principaux concepts enseignés dans ses livres de biologie. Si vous attendez la veille d’un examen pour créer votre tout premier palais de mémoire, ça se peut très bien que cela fonctionne sans trop de problème, mais c’est très risqué comme stratégie. Si auparavant vous avez pris le temps de développer un minimum de compétences de base, vous allez pouvoir aborder l’étude de votre examen avec un merveilleux sentiment de confiance et avec beaucoup plus de rapidité.

Précision: Si vous n’êtes pas étudiant, que vos objectifs sont tout autre et que, par exemple, vous souhaitez tout de suite apprendre à mémoriser des jeux de cartes, rien ne vous empêche d’ignorer complètement les mots aléatoires. Pour le plaisir, pour le défi et pour introduire de la variété dans votre entraînement, vous pouvez également vous attaquer à d'autres disciplines. Je présente des stratégies de base pour ces disciplines ici. Je vous recommande particulièrement de vous initier à la mémorisation de séries d'images, une discipline qui est particulièrement amusante et simple même pour les débutants. La mémorisation d’images et de noms et visages n’est pas nécessairement facile, mais les stratégies de base sont suffisamment simples pour que vous puissiez vous y mettre dès aujourd’hui.

Étapes à suivre suggérées :

  • Lisez quelques articles de ce site. Pas tous! Juste assez pour avoir une bonne idée du fonctionnement des palais de mémoire.

  • Créer au moins deux ou trois palais de mémoire comprenant chacun au moins 15 stations.

  • Utilisez-les pour, disons trois fois par semaine, retenir temporairement une liste d’au moins 20 mots aléatoires. Vos périodes d'entraînement n'ont pas besoin d'être longue ou extrêmement fréquentes, mais il faut les faire. Et pour les faire, il ne suffit pas d'avoir une bonne intention pendant un bref moment, il faut les entrer dans son agenda et les traiter comme une obligation importante. Obtenir des résultats vraiment spectaculaires demande beaucoup de travail. Tripler votre niveau de départ, surprenamment, ne demande que quelques courtes pratiques réparties sur quelques semaines. Bien entendu, rien ne vous empêche de pratiquer davantage si vous en avez envie. Mieux vaut un plan d’entrainement modeste que pas de plan du tout ou qu’un plan ambitieux que vous risquez d’abandonner. Cela dit, c’est certain que vos progrès vont être plus rapides si vous pratiquez 20 minutes par jour plutôt que trois fois dix minutes par semaine. Sachez aussi que la durée de vos pratiques n’est que l’un des facteurs qui influencent la rapidité de vos progrès. Si vous appliquez 100% de votre concentration à chacune de vos pratiques et que vous tentez régulièrement de repousser vos limites, vos progrès seront beaucoup plus substantiels que si vous vous contentez de répéter toujours les mêmes actions en restant dans votre zone de confort.

  • Si les mots aléatoires commencent à vous ennuyer ou si vous souhaitez introduire de la variété, vous pouvez tenter une autre discipline comme les images par exemple. Vous pouvez même commencer directement avec les images ou les noms et visages si vous n’avez pas envie de créer des palais de mémoire pour le moment.

  • Faites l’effort de retenir les noms des gens que vous rencontrez en vous inspirant de ces conseils.

  • Si vous souhaitez apprendre à mémoriser des chiffres, je pense que c’est utile à long terme et qu’il s’agit d’un exercice qui en vaut la peine. Dans mon monde idéal, tout le monde apprendrait à l’école à se créer une banque de 100 images pour 0 à 99 qui pourrait leur servir toute leur vie. Cependant, je peux comprendre que ce ne soit pas une priorité pour la plupart des gens. Si vous ne souhaitez retenir que quelques chiffres une fois de temps en temps, un système que j’appelle un PAO à une décimale peut être développé en une trentaine de minutes. J'explique tout sur http://www.artdelamemoire.org/retenir-des-chiffres-et-des-cartes-jouer/ Au-delà de la mémorisation à long terme de numéros utiles, sachez que pour plusieurs raisons, la mémorisation temporaire de séries de numéros aléatoires peut également être un exercice intéressant. Comme pour les mots aléatoires, le processus de mémorisation devient alors une fin en soi. Non seulement cela permet de s'entraîner à retenir des chiffres, mais cela permet également de développer ses aptitudes à la visualisation, la concentration et la créativité. Une fois la série de chiffres retenue un moment, on peut laisser les images correspondantes s’estomper progressivement. Comme l’on ne tente pas ici de retenir l’information à très long terme, le palais de mémoire qui a été utilisé pourra être réutilisé à de multiples fins autant de fois que nous le souhaitons dans le futur.

  • Lorsque vous le souhaiterez, mémorisez à plus long terme des informations qui vous semblent utiles et intéressantes. Assurez-vous de les réviser comme il se doit pour que l’effort ne soit pas en vain. Allez-y étape par étape pour ne pas vous sentir trop rapidement débordé avec les révisions nécessaires. Vous pouvez aussi choisir de remplir un petit cahier de notes avec toutes les informations que vous souhaitez conserver à long terme. Voir ce petit cahier se remplir avec le temps peut être une grande source de fierté et de satisfaction. N'imaginez pas que vous devez d'abord devenir un expert ou une experte de l'art de la mémoire avant de vous attaquer à la mémorisation à long terme. Si vous le souhaitez, rien ne vous empêche de commencer dès aujourd'hui. En guise d'inspiration, je vous présente ce que l'auteure Lynne Kelly est parvenue à mémoriser au cours des dernières années après être devenue passionnée par les techniques de mémorisation. Petit détail: elle était déjà dans la soixantaine lorsqu'elle a commencé.

  • C’est tout!

Notez que ces étapes n’ont pas à être suivies dans l’ordre. Je connais par exemple des gens qui sont devenus des experts dans la mémorisation des chiffres et des cartes à jouer sans ne jamais rien pratiquer d’autre.

Attendez-vous à ce que tous ces exercices soient un peu difficiles au début, mais qu’ils deviennent beaucoup plus faciles après quelques pratiques. À ce sujet vous pouvez si vous le souhaitez lire la section “Est-ce que c’est difficile?” au bas de cet article.

Combien de temps devriez-vous suivre ce plan d’entrainement? Aussi longtemps que vous ne le souhaitez, mais je pense que vous devriez persévérer au moins assez longtemps pour surmonter les difficultés initiales. Quand après un moment vous aurez atteint une certaine compétence de base, ce sera à vous de voir si vous souhaitez continuer sur cette voie, revenir à vos anciennes habitudes ou encore pousser l'exercice plus loin. Le temps nécessaire pour atteindre “une certaine compétence de base” peut varier selon vos standards, selon les individus et selon plusieurs facteurs. Sans pouvoir l’affirmer avec certitude, j’estime que quinze minutes par jour durant deux ou trois semaines (ou trois fois dix minutes par semaine pendant 4 à 10 semaines), cela devrait être suffisant pour la plupart des gens. Si vous décidez ensuite de cesser toute forme de pratique, vos habiletés vont s’effriter un peu, mais elles ne disparaitront pas.



P.-S. Peu importe le niveau auquel vous êtes, si vous souhaitez vous motiver à vous pratiquer, vous lancer un défi et rencontrer des passionnés du sujet, je vous conseille fortement de participer aux compétitions de www.canadianmindsports.com Moi et d'autres avons fondé cette nouvelle organisation au courant de l'été 2018 et nous souhaitons lui faire prendre beaucoup d'envergure au cours des prochains mois et des prochaines années. Nos premiers championnats nationaux ont eu lieu en septembre 2018. Le championnat de mémorisation du Québec a eu lieu à l’Université Laval samedi le 23 mars 2019. Le prochain championnat canadien va avoir lieu le 24 novembre 2019 simultanément à Montréal, Toronto et Vancouver. Nous ne souhaitons pas voir seulement une poignée de maniaques s'affronter les uns les autres. Nous aimerions plutôt voir des gens de tous les niveaux venir se mettre au défi. Les compétitions sont conçues de façon à ce qu'il soit possible d'y participer avec peu ou pas de préparation préalable. Une compréhension sommaire du fonctionnement des techniques de mémorisation est tout ce dont vous avez besoin. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi demander que votre nom et vos résultats ne soient pas publiés.

Sur la pertinence de s'entraîner à l'utilisation des techniques de mémorisation

Si vous connaissez le sujet ou si vous avez assisté à l'un de mes ateliers, vous savez déjà à quel point les techniques de mémorisation peuvent fonctionner de façon spectaculaire. Mais si jamais vous êtes encore légèrement sceptique, voici quelques articles et vidéos qui devraient vous convaincre.

  • Article du New York Times sur les palais de mémoire et sur la science qui explique comment ils fonctionnent.

  • “Eleven teams, mostly from world-leading neuroscience laboratories, took part in the challenge of designing the ultimate system for learning 80 Lithuanian words in an hour. Around 10,000 participants were funnelled through the competing methods in the finals, giving the results a level of statistical power that cognitive scientists can normally only dream of.” La méthode gagnante: des palais de mémoire, des mots-clés et de la "retrieval practice". Article publié dans The Guardian.

  • Reportage de CNN réalisé suite à la publication d'une étude qui a fait le tour du monde en 2017. L'étude démontre comment de complets débutants peuvent transformer leur cerveau et spectaculairement développer leur performance à s'entrainant 20 minutes par jour pendant 6 semaines à l'utilisation des palais de mémoire. Les performances doublent en moins de deux semaines. Le reportage est en trois parties: première, deuxième et troisième. Les deux dernières parties sont de loin les plus intéressantes.

  • Encore dans le New York Times, un long et fascinant article qui présente le contenu du livre Moonwalking with Einstein, l'ouvrage qui m'a initié au sujet en 2015.

  • Les palais de mémoire ne sont pas une invention récente. Ils étaient jadis enseignés et utilisés par un important pourcentage de la population. Cet article est un bon portrait de l'histoire du sujet.

  • Cet article en français explique de quelles façons les techniques de mémorisation ne datent pas de la Grèce antique et qu'elles ont été systématiquement utilisées, par plaisir et par nécessité, par toutes les sociétés sans écriture. Les prouesses de mémorisation des chasseurs cueilleurs n'ont pas grand chose à envier aux miennes ou à celles des soi-disant "champions de mémorisation" actuels.

  • Article du Globe and Mail sur les exploi qu'accomplissent tous les jeunes qui fréquentent cette école en Mongolie.

  • Article dans The Guardian démontrant comment il est possible d'apprendre 1000 mots d'une langue étrangère en une série de courtes pratiques qui au total ne durent que 22 heures.

  • Sympathique reportage montrant comment un complet débutant peut utiliser un palais de mémoire pour retenir dans l'ordre la liste de 83 récipiendaires de l'oscar du meilleur film.

  • Surprenante étude dont j'ai entendu parler récemment. De complets débutants qui improvisent très rapidement de petites histoires parviennent ensuite à se souvenir de pas moins de 93% de 12 listes de 10 noms communs chacune. Les sujets du groupe contrôle qui eux utilisaient seulement la concentration et la répétition ne se sont souvenu que de 13% de ces mêmes listes. 93% de rétention versus seulement 13%! De complets débutants qui font cela rapidement pour la toute première fois! Ce n'est pas une petite différence! Je suis d'accord pour souligner le fait qu’on ne parle ici que de simples listes de noms communs et qu’on ne peut pas nécessairement s’attendre à des effets aussi spectaculaires dans tous les contextes. Le fait que les chercheurs fournissaient d’abord le premier mot de chaque liste avant de demander aux participants de réciter le reste est également digne de mention. Mais tout de même, ces résultats sont époustouflants et devraient être largement connus.

  • Longue liste d'études scientifiques portant sur l'efficacité des techniques de mémorisation.

Les techniques de mémorisation, lorsqu’elles sont utilisées correctement, peuvent rendre presque facile et amusant le plus aride des sujets. Elles ne visent pas à remplacer l’apprentissage “normal”, mais plutôt à le faciliter et l’accélérer. Elles ne sont bien sûr pas toujours nécessaires. Plus nous sommes familiers avec un domaine, plus il devient facile de continuer de développer nos connaissances sur le sujet en question. L’apprentissage devrait d’abord se faire par l’application réfléchie de notre attention, par des associations directes, par la logique, par la compréhension et par notre mémoire naturelle. L’une des meilleures façons de favoriser ce type d’apprentissage consiste à, une fois que les principaux fondements ont été saisis, fermer ses livres et tenter d’expliquer, à soi-même ou idéalement à quelqu’un d’autre, dans sa tête ou préférablement à voix haute ou à l’écrit, ce que nous venons d’apprendre. Mais pour toutes les informations qui sont plus difficiles à retenir, ce qui peut être beaucoup ou bien peu de choses selon l’individu et selon le sujet, les techniques de mémorisation peuvent alors apporter une aide inestimable.

Lorsque les techniques de mémorisation commencent à être utilisées de façon plus systématique, on parle alors d’un “art de la mémoire”. À mon avis, les principaux bénéfices de l’art de la mémoire sont les suivants. Le premier est incontestable, les suivants sont communément rapportés, le dernier est davantage spéculatif.

  • Une fois familiarisé avec les techniques de base, la mémorisation de connaissances déclaratives devient plusieurs fois plus facile qu’elle ne l’aurait été autrement.

  • Au lieu d’être pénible, la mémorisation devient amusante.

  • Plus grande facilité à faire des associations rapides et à utiliser sa créativité.

  • Plus grande habileté à rester concentré sur une tâche.

  • Plus grande confiance en soi résultant du développement d’une nouvelle habileté.

  • Facultés accrues pour la visualisation mentale, une habileté qui peut être transférée dans d’autres domaines.

Est-ce que c’est difficile?

Parfois oui, parfois non. Des exercices simples comme la mémorisation de série d’images ou de noms communs peuvent être très bien réussis du premier coup par de complets débutants. Mais ce n’est pas aussi simple lorsqu’on commence à s’attaquer à du matériel plus difficile. Cela n’a rien de surprenant. À part peut-être mâcher de la gomme, toutes les habiletés requièrent une certaine période d’adaptation avant de pouvoir être mises en pratique de façon efficace. L’art de la mémoire apporte plusieurs bénéfices immédiats, mais la plupart viennent après quelques heures de pratique. Notez cependant que le ratio efforts nécessaires versus bénéfices escomptés est à mon avis l’un des meilleurs qui soit, surtout pour des étudiants. Il faut beaucoup de pratique pour réussir à mémoriser un jeu de cartes en quelques secondes, mais il n’en faut que relativement peu pour pouvoir être à l’aise avec la plupart des tâches de mémorisation plus “normales”. La grande majorité des bénéfices de la pratique peuvent être obtenus avec une petite fraction des efforts qui sont investis par les compétiteurs les plus sérieux. Ne faites pas l'erreur d'abandonner si initialement l'utilisation des techniques de mémorisation vous semble difficile, car cette impression n'est que temporaire. C'est comme si vous tentiez de faire du ski pour la première fois de votre vie. Vous pouvez descendre la pente, mais c'est difficile, effrayant, épuisant et inconfortable. Mais si vous persévérez ne serait-ce que quelques minutes par jour durant quelques semaines, votre cerveau va se transformer de façon subtile et l'exercice va devenir plus facile, plus rapide, plus agréable et plus efficace. Une fois cette compétence de base atteinte, ce sera à vous de voir si vous souhaitez uniquement vous concentrer sur l’apprentissage à long terme, revenir à vos anciennes habitudes ou encore pousser l'exercice plus loin.

Voici les résultats moyens obtenus par des volontaires sans expérience préalable à un exercice de mémorisation de mots aléatoires en 5 minutes. Après 20 minutes par jour à s'exercer avec des palais de mémoire, leurs résultats moyens ont plus que dou…

Voici les résultats moyens obtenus par des volontaires sans expérience préalable à un exercice de mémorisation de mots aléatoires en 5 minutes. Après 20 minutes par jour à s'exercer avec des palais de mémoire, leurs résultats moyens ont plus que doublé durant les deux premières semaines. Notez que ces résultats sont compilés à l'aide d'un site (Memocamp.com) où il faut essentiellement avoir 100% de bonnes réponses pour avoir ses points. Je n'ai aucun doute que des résultats similaires pourraient être obtenus avec des exercices plus brefs étalés sur une un peu plus longue période. Je pense également que les progrès seraient encore bien plus spectaculaires si l'on avait mesuré la capacité à mémoriser durant des périodes de 15 minutes ou plus plutôt que seulement 5. L'étude dont est tiré ce graphique est disponible ici. Le graphique en question se trouve dans les "supplemental information" ici. Vous trouverez au début de cette page des liens vers des reportages et articles de journaux de par le monde qui discutent des implications de cette même étude.

Est-ce que j’ai réussi à vous convaincre? Si oui, génial! Il y a plusieurs voies possibles que vous pouvez maintenant choisir d’emprunter. Mais si vous souhaitez accélérer votre apprentissage, voici un petit “plan d’entrainement pour motivé(e)s” que je crois pouvoir suggérer. Je ne pense pas nécessairement que tout le monde devrait devenir un maniaque du sujet, mais je pense que la majorité des gens devraient prendre le temps d’apprendre en quoi consiste les techniques de mémorisation et de les entrainer au moins assez longtemps pour surmonter les difficultés initiales. Une fois que vous aurez atteint un niveau avec lequel vous serez satisfait, je recommande bien sûr de continuer d’utiliser les techniques de mémorisation dans la vie de tous les jours à chaque fois que l’occasion se présente, mais les “séances d’entrainement” peuvent devenir de moins en moins fréquentes sans que ce ne soit une tragédie.

Comment et pourquoi apprendre à mémoriser des séries d'images aléatoires

Aujourd’hui je vais expliquer certaines des stratégies de base qui peuvent être utilisées pour la mémorisation de séries d’images aléatoires. Si vous n’avez pas l’intention de vous investir dans l’univers des compétitions de mémorisation, cette activité n’a certainement pas besoin de devenir une priorité. Vous pouvez très bien réussir à devenir doué dans l’art de la mémoire sans cela. Cependant, je vous recommanderais tout de même de vous y initier au moins brièvement. De toutes les disciplines de l’art de la mémoire, celle-ci est la plus simple, la plus facile d’accès et l’une des plus amusantes. Peut-être que vous allez y prendre goût? C’est la discipline préférée de bien des gens et même de jeunes enfants peuvent s’y initier avec très peu d’instruction. J’ai récemment vu un jeune garçon sans expérience en mémoriser une cinquantaine dans l’ordre, en 5 minutes, à son tout premier essai, après à peine une minute d’instructions.

La mémorisation d’images vient principalement sous trois formes:

  • Il y a les images abstraites, des espèces de taches étranges de différentes formes. Pour des raisons qui seraient un peu longues à expliquer, à mon avis vous ne devriez pas perdre votre temps avec ça.

  • Il y a les images aléatoires utilisées dans les compétitions de l’International Association of Memory ou IAM. Ces images sont présentées par petites rangées avec 5 dessins chacune. Ça c’est génial et c’est ce qu’il y a de plus simple.

  • Et il y a les images du populaire site d’entrainement Memory League qui sont un peu plus difficiles, mais bien le fun elles aussi. Le site est très bien fait et c’est facile de prendre l’habitude d’y aller 5 minutes lorsqu’on a une pause.

Images IAM

On va laisser faire les images abstraites. Je vais vous parler un moment des images aléatoires par rangées de 5 utilisées dans les compétitions d’IAM et aussi dans celles de la Canadian Mind Sports Association. On peut s’entrainer gratuitement à cette discipline en s’ouvrant un compte sur un site qui se nomme Memocamp. Je ne vous recommande pas de prendre un abonnement, juste d’ouvrir un compte gratuit. Comme l’interface du site n’est pas très bien faite, je vous ai rédigé ce petit guide pour vous expliquer comment vous ouvrir un compte sans vous y perdre. Laissez faire toutes les autres disciplines allez seulement dans les images. Pour des raisons que je pourrai vous expliquer un autre jour, sur le site les images sont la seule discipline que vous pouvez pratiquer autant que vous le souhaitez complètement gratuitement.

UPDATE IMPORTANT: Deux nouveaux sites beaucoup plus simples et faciles à utiliser que Memocamp ont fait son apparition. Vous pouvez y entrainer les images et d’autres disciplines tout à fait gratuitement. Les deux merveilleux sites en question sont le IAM training software et standard-memory.com. Je suis extrêmement reconnaissant envers ceux et celles qui ont mis ces sites sur pied. Pour la très grande majorité des gens, il n’y a plus aucune bonne raison de vouloir s’abonner à Memocamp. Je n’ai rien de négatif à dire à propos du IAM training software. Quant à standard-memory.com, son seul véritable désavantage est que vous allez devoir vous chronométrer vous-même. Cliquez sur “5 min Random Images” et étudiez la feuille pendant 1 minute, 5 minutes 10 minutes ou peu importe. Cliquez ensuite sur le lien “Recall online” pour répondre et voir vos résultats.

Alors voici ce à quoi ça ressemble sur Memocamp. Comme vous pouvez le voir le site a d’abord été conçu en allemand et on dirait que la traduction a été commencée mais n’a jamais été terminée.

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On vous présente des rangées de 5 images chacune. On prend jusqu’à 5 minutes pour mémoriser l’ordre de chaque rangée. Vous pouvez mémoriser directement les images à gauche ou vous pouvez utiliser les flèches du clavier pour les regarder l’une après l’autre de façon agrandie. La façon dont j’aime procéder consiste à ne même pas utiliser de palais de mémoire et de tout simplement improviser une petite histoire avec les 4 premières images de chaque rangée et de ne même pas regarder la 5e image. Pour la première rangée, l'histoire débile qui me vient en tête ressemble à quelque chose comme: Je joue au billard et l'une des balles que je frappe sort de la table et se dirige à toute vitesse vers l'ange. L’ange attrape la balle et dit “Heil c’est cool ça le billard! Ça me donne le goût de jouer du piano!" La toune que joue l’ange est tellement intense qu’il y a du feu qui sort du piano (je ne comprends pas trop ce que je suis supposé voir sur la quatrième image, mais je crois remarquer qu’il y a du feu et c’est bien suffisant). On recommence un processus similaire avec chaque rangée et on clique sur “aller à l’exercice” si l'on termine avant la fin du chronomètre.

Ensuite le site va vous représenter les mêmes images, mais dans le désordre. Ça fonctionne par rangée, donc la rangée 1 va avoir les mêmes images que ce que vous avez mémorisé plus tôt et vous allez devoir inscrire les numéros 1, 2, 3, 4 et 5 pour indiquer dans quel ordre elles étaient initialement. Vous pouvez tout faire avec la souris, personnellement je trouve ça beaucoup plus pratique d’utiliser les flèches du clavier et le petit clavier numérique que vous avez probablement à droite de votre clavier. Au moment de répondre, je vais trouver les 4 premières images dans l’ordre. L’autre image (le briquet) que je n’ai même pas regardée est nécessairement la cinquième. Je recommence le même processus pour chaque rangée. Contrairement aux nombres et aux mots aléatoires, les erreurs ne sont pas pénalisées très sévèrement. Alors vous pouvez choisir de ne pas faire de révision, faire quelques erreurs ici et là et ce ne sera pas plus grave que cela. Voilà!

Si vous souhaitez utiliser un palais de mémoire, je vous recommanderais de placer deux images par station, un peu de la même façon qu’avec les mots aléatoires. Alors on pourrait placer les boules de billard et l’ange à un endroit, le piano et le bizarre de truc en feu à un autre endroit juste à côté. Dans ce cas-ci je préfère la simplicité de l’approche sans palais de mémoire, mais c’est à vous de voir.

D’autres stratégies pour la mémorisation d’images sont expliquées sur cette page.

Un exemple vidéo se trouve au bas de cette page.

Images Memory League

Quant aux images de Memory League, vous avez seulement 60 secondes pour mémoriser l’ordre d’une seule série d’images, d’abord 6, puis jusqu’à 30 quand vous réussissez à monter de niveau. Je suis encore loin d'avoir atteint ce stade, mais les meilleurs utilisateurs du site parviennent parfois à retenir parfaitement toutes les 30 images dans l’ordre en seulement une dizaine de secondes. Ouf… Mais bon ça ne sert à rien de se comparer à ces fous furieux fanatiques, commençons par 6 images et voyons de quelle façon on peut réussir à s’améliorer. On utilise les flèches pour passer d’une image à l’autre. Appuyez sur espace si vous souhaitez revoir toutes les images à partir du début et appuyez sur enter si vous terminez à l’avance.

Vous pouvez tout mémoriser simplement en improvisant une petite histoire où chaque image interagit avec la suivante. Le processus est le même que celui que je vous ai suggéré pour les images IAM, mais l’histoire est plus longue. Cependant, comme le nombre d’images est plus élevé, la plupart des gens préfèrent utiliser un palais de mémoire et placer deux ou trois images par station. Attention les concepteurs du site sont un peu sadiques et ils aiment souvent nous montrer, par exemple, trois photos de fleurs différentes. Dans ces cas-là il faut remarquer un petit trait distinctif pour chaque photo qui va nous permettre de les replacer dans le bon ordre. Peut-être que les roses rouges saignent alors que les roses roses sont en fait des bonbons?

Au moment de répondre, on vous représente les mêmes images dans le désordre et vous utilisez la souris pour les replacer dans le bon ordre. Si vous souhaitez décaler une partie de vos réponses vers la gauche ou vers la droite, positionnez votre curseur sur la case appropriée et appuyez sur la touche + ou la touche -.

J’espère que cet exercice va vous plaire!

30 images de Memory League que j’ai mémorisé en 40 secondes juste pour vous. Mon record est de 35 secondes. Rapide? Oui sauf que certains de mes amis le font en moins de 20 secondes. D’autres fous furieux parviennt à tout retenir en seulement une di…

30 images de Memory League que j’ai mémorisé en 40 secondes juste pour vous. Mon record est de 35 secondes. Rapide? Oui sauf que certains de mes amis le font en moins de 20 secondes. D’autres fous furieux parviennt à tout retenir en seulement une dizaine de secondes…

Les Cowboys Fringants, un sympathique petit jeu de mémoire et le monde merveilleux de la mémorisation des nombres binaires

En décembre dernier on m’a invité au Montreal International Game Summit pour affronter publiquement monsieur Karl Tremblay, le chanteur du génial groupe les Cowboys Fringants, au jeu “Gauche-Droite - Le Manoir” dont il est l’un des créateurs.

gauche droite.PNG

Le jeu est tout simple et bien sympathique : on est dans un manoir hanté, on traverse une série de portes et on affronte de méchants monstres. À chaque étape il faut se souvenir s’il fallait prendre la porte de droite ou celle de gauche. C’est un peu comme le bon vieux jeu "Simon", mais le chemin ne nous est pas montré à l'avance. Il faut le découvrir par essais et erreurs, puis le mémoriser afin de se rendre jusqu’à la fin des 5 niveaux. En cas d’erreur, on recommence au début du niveau. Les images sont jolies et la musique est excellente. Si vous n’avez pas d’expérience avec les techniques de mémorisation, je vous conseillerais seulement soit de remarquer des patterns imaginaires dans les séries de mouvements, soit d’observer les éléments distinctifs de chaque porte et d’inventer une raison bidon qui pourrait "justifier" le fait de prendre la gauche ou la droite. La porte de droite est bleue comme le ciel, elle doit sûrement mener au paradis. À l'étape suivante, le crapaud de la porte de gauche est beaucoup trop dégoûtant pour qu'on souhaite s'en approcher. Ce genre de conneries peut être bien utile, même lorsque les trucs improvisés semblent complètement absurdes et illogiques.

manoir.PNG

Pour moi par contre, il n’était pas question que je me contente d’utiliser des trucs aussi simplistes!

Le défi tombait bien parce que le hasard avait voulu que j’apprenne à mémoriser les nombres binaires à peine quelques semaines auparavant. Il suffisait donc que je convertisse les gauches et les droites en 0 et en 1 pour que je puisse, théoriquement du moins, en retenir des tonnes hyper rapidement. Si vous avez déjà un peu exploré ce site, vous savez qu’il est possible de transformer les chiffres en images et de construire des histoires qui rendent la mémorisation plusieurs fois plus facile qu’elle ne l’aurait été autrement. Saviez-vous aussi qu’il est possible d’être deux ou trois fois plus rapide en faisant le même processus avec des séries de nombres binaires comme 100-101-110-101-010-111?

Saviez-vous que l’actuel record du monde de mémorisation de nombres binaires est de 6270 en 30 minutes.

6270 en 30 minutes!!!

Voulez-vous apprendre comment est-ce que cela fonctionne? Si oui vous pouvez continuer la lecture de cet article. Si non bien ehhh… on se reparlera une autre journée!

Je vais prendre pour acquis que vous avez déjà au moins une vague idée de comment fonctionne un palais de mémoire et un système pour la mémorisation des chiffres. Si ce n’est pas le cas, je vous conseillerais d’aller d’abord explorer un peu le reste de ce site en commençant par le début. Si c’est déjà fait, vous savez déjà qu’avec les techniques appropriées et un peu de pratique, il n’y a rien de surhumain dans le fait de mémoriser une longue série de chiffres. Dans la section de ce site qui porte sur ce sujet, j’explique même comment, une fois que certaines conditions sont bien remplies (palais de mémoire + un bon système + suffisamment de pratique), la mémorisation de chiffres peut littéralement devenir plus facile que n’importe quoi d’autre. Je suis très sérieux et je n’exagère pas. Il n’y a qu’une seule chose qui soit plus facile que la mémorisation de chiffres et c’est... (roulement de tambour) ... la mémorisation de nombres binaires! Oui oui, pour vrai. Ce n’est pas pour rien que le record du monde de mémorisation de nombres binaires en 30 minutes (6270) est trois fois plus élevé que le record pour les chiffres (1933 en 30 minutes au moment où j’écris ces lignes). Comme il n’y a que deux éléments possibles, les 0 et les 1, notre système peut plus facilement convertir un plus grand nombre de chiffres en un plus petit nombre d’images. Autrement dit, le nombre d’images qui est nécessaires pour retenir 100 chiffres ordinaires est exactement le même que pour retenir 300 nombres binaires, d’où la disparité entre les records.

Je vous explique, je vous explique.

Il n’y a que 8 façons possibles de mélanger une série de trois nombres binaires et chacune de ces façons peut être associée à un nombre entre 0 et 7

  • 000 = 0

  • 001 = 1

  • 010 = 2

  • 011 = 3

  • 100 = 4

  • 101 = 5

  • 110 = 6

  • 111 = 7

Une fois ce code appris, on peut mémoriser 011-100-111-110-000-101 exactement de la même façon qu’on mémoriserait 347605. Cool non?

Mais pourquoi est-ce que 101 correspond à 5 et 110 correspond à 6? On aurait pu choisir des associations arbitraires (on aurait pu dire que 011 = 2 parce que ça me tente), mais on profite plutôt de l’occasion pour apprendre à "compter en nombres binaires”, en tout cas au moins jusqu’à 7. C’est un concept nouveau et cela m’a pris un petit moment pour bien le comprendre, mais une fois qu’on l’a saisi on se rend compte que c’est pourtant très simple. Je ne sais pas si je vais réussir, mais je vais tenter de vous expliquer rapidement.

Prenons un chiffre ordinaire comme 783. On est habitué de le lire et de le comprendre d’un seul coup, mais ce chiffre correspond en fait à l’addition de 700 (7 x 100) + 80 (8 x 10) + 3 (3 x 1). On multiplie le premier numéro par 1, le deuxième par 10, le troisième par 100, l’éventuel quatrième par 1000 et ainsi de suite. On y pense rarement de cette façon, mais c’est ainsi que les chiffres « normaux » fonctionnent.  

Les nombres binaires fonctionnent de la même façon que ce que je viens de décrire, sauf qu’au lieu de multiplier chaque numéro par 1, 10 ou 100, on les multiplie par 1, 2 ou 4 (et 8 et 16 et 32 et 64 si on souhaite continuer). Pour 0 jusqu’à 7, cela donne ce qui suit:

  • 000 = (0 x 4) + (0 x 2) + (0 x 1) = 0

  • 001 = (0 x 4) + (0 x 2) + (1 x 1) = 1

  • 010 = (0 x 4) + (1 x 2) + (0 x 1) = 2

  • 011 = (0 x 4) + (1 x 2) + (1 x 1) = 3

  • 100 = (1 x 4) + (0 x 2) + (0 x 1) = 4

  • 101 = (1 x 4) + (0 x 2) + (1 x 1) = 5

  • 110 = (1 x 4) + (1 x 2) + (0 x 1) = 6

  • 111 = (1 x 4) + (1 x 2) + (1 x 1) = 7

Cela peut être mélangeant au début, mais ultimement il suffit de savoir additionner 1 + 2 + 4. Si l'on souhaite compter plus loin en continuant avec la même logique, 111011001 nous donnerait 473. Pourquoi? Parce que (1 x 256) + (1 x 128) + (1 x 64) + (0 x 32) + (1 x 16) + (1 x 8) + (0 x 4) + (0 x 2) + (1 x 1) = 128 + 64 + 16 + 8 + 1 = 473. Il y a beaucoup de chiffres dans ce que je viens d’écrire et cela peut sembler intimidant et complexe, mais je vous assure que le principe de base reste simple. Je suis certain qu’en 3 minutes de conversation je pourrais parvenir à vous faire comprendre, c’est juste un peu difficile d’expliquer tout cela rapidement à l’écrit. Et comme le sujet est lié à l’informatique, tous les liens que je trouve en ligne sur le sujet insèrent toute sorte d’explications supplémentaires qui peuvent compliquer inutilement les choses pour les débutants. Reste ce vidéo en anglais qui me semble bien présenté, peut-être vous aidera-t-il. Si vous ne comprenez toujours pas, laissez le sujet de côté pour tout de suite, dormez une bonne nuit de sommeil puis demandez à quelqu’un qui connait un peu l’informatique de vous expliquer.

Mais bon, cela adonne qu’il est tout à fait possible de mémoriser des nombres binaires sans nécessairement avoir besoin de les comprendre. Il suffit de se familiariser avec le code de conversion de 0 jusqu’à 7, le seul qu’on a besoin d’utiliser. Pour la mémorisation, il plus simple et plus efficace de simplement se limiter à ces 8 combinaisons de 3 nombres binaires. Notre 111011001 de tout à l’heure, on pourrait bien sûr le convertir en nombres décimaux « normaux » et le retenir comme étant 473, mais c’est beaucoup plus rapide de simplement le diviser en séries de 3, soit 111 puis 011 et 001, et de changer chacun de ces petits blocs de trois au chiffre correspondant entre 0 et 7. Dans ce cas-ci cela nous donne 731. Une fois qu’on est bien familiarisé avec cette façon de transformer les nombres binaires, avec un peu de pratique la conversion peut être très rapide.

C’est donc ainsi que fonctionne la mémorisation de nombres binaires. Si vous mémorisez une série de quelque chose et que pour chaque élément, il n’y a que deux possibilités, vous pouvez les convertir en 0 et 1 et retenir tout cela avec un très petit nombre d’images. Un serveur qui s’occupe d'une table de 36 personnes dans un restaurant pourrait théoriquement choisir de retenir qui va ou non prendre du dessert en convertissant tous ces 36 « oui » ou « non » en une série de 12 numéros qui serait à leur tour converti en 6 images. Bon j’admets que vous ne serez probablement jamais confronté à une telle situation, mais cela reste un exercice intellectuel intéressant. Si vous devenez doué dans le domaine, peut-être allez-vous réussir à vous faire inviter au show à grand déploiement « Superhuman » sur le canal Fox et à, comme cet homme, impressionner suffisamment les juges et le public pour repartir chez vous avec la gloire et pas moins de 50,000 dollars. Cette série de 108 ballons rouges et noirs, je vous garantis qu’il les a retenus exactement de la même façon que 108 nombres binaires. Et pour retenir 108 nombres binaires, il faut très exactement le même nombre d’images que pour retenir 36 chiffres normaux, ce qui n’est rien du tout pour des mnémonistes entrainés comme lui et moi et peut-être vous. Ce n’est pas juste! Moi aussi je veux gagner 50,000$ à la télé bon!

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Tout cela pour dire que pour la démonstration publique dont je vous ai parlé au début de cet article, j’étais très heureux de pouvoir retenir toutes ces séries de gauches et de droites comme s’il s’agissait de nombres binaires. Si le jeu me demande de retenir G(gauche)D(droite)D - DDG - GDG - DDG -DGD -DDD, je peux transformer cela en 100-001-101-001-010-000, puis en 415110, puis en l’image correspondante de mon système de mémorisation de chiffres. Avec mon système ici cela correspond à Gandhi (41) qui joue au golf (51) avec un boa constrictor (10). Une image mémorable au lieu d’une série de 18 gauches et droites. Quelques images comme celles-ci placées dans un palais de mémoire sont suffisantes pour traverser l'ensemble du jeu.

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Puis est-ce que j’ai anéanti monsieur Fringant avec mes performances de super mnémoniste bien entrainé? Ehhh… pas exactement. Les développeurs du jeu avaient créé une version spéciale bien plus courte seulement pour l’événement. Avec des niveaux beaucoup moins longs, cela devenait possible d’utiliser seulement sa mémoire à court terme pour rapidement passer d’un niveau à l’autre. Karl Tremblay m’a donc humilié durant la première partie! Heureusement qu’on avait prévu de jouer une 2e partie où l’on avait initialement le droit de prendre quelques minutes pour étudier sur une feuille tous les mouvements que nous allions devoir faire. Karl a rapidement mémorisé ce qu’il pouvait sur cette feuille et a commencé à jouer alors que je prenais mon temps pour tout apprendre l’ensemble du jeu. Il a eu le temps de parcourir la moitié des niveaux avant même que je commence, mais je suis tout de même parvenu à le rattraper une fois la mémorisation terminée. Mon honneur a donc été partiellement sauvé ( :

Fiou

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Un mois et demi plus tard, retour sur le 2018 IAM Canadian Open Memory Championship

Le 6 avril dernier je me trouvais en Alberta et rédigeais ce petit billet la veille d’une compétition qui s’annonçait bien difficile. Je vous invite d'abord à le lire si ce n’est pas déjà fait, notamment pour comprendre en quoi cette compétition diffère des autres auxquelles j’ai participé. J’ai été particulièrement occupé depuis, mais je crois qu’un mois et demi plus tard, il est grand temps que je vous raconte brièvement comment cela s’est passé. À mon avis, le plus remarquable de cette journée n’est pas les performances des gagnants, c’est plutôt le fait que l’organisateur Darren Michalczuk est parvenu à convaincre la moitié de ses élèves de 10 et 11 ans à se déplacer de leur plein gré, un samedi, pour passer des heures en silence à mémoriser des listes de chiffres, de mots aléatoires et de cartes à jouer! Merveilleux! Les systèmes de corrections très sévères et sadiques utilisés en compétition ont malheureusement fortement pénalisé toutes leurs petites erreurs et anéanti leurs résultats officiels, mais en termes de quantités d’informations mémorisées, les performances des élèves présents ont été tout à fait respectables. Sachant à quel point les techniques de mémorisation facilitent l’apprentissage dans leurs cours et ailleurs, j’ai bien hâte de voir ce que ces jeunes vont parvenir à accomplir dans le futur.

Parmi les grandes personnes qui participaient à la compétition, mention honorable à Ezequiel Valenzuela de Montréal notamment pour ses 316 chiffres mémorisés en 15 minutes, 16 de plus que moi, en utilisant un système qu’il n’a pas eu le temps de maitriser. Sans surprise l’Anglais Ben Pridmore, trois fois champion du monde (rien de moins), est arrivé en première place. Il est entre autres parvenu à mémoriser 625 nombres binaires (0100100101 et ainsi de suite) en 5 minutes, un jeu de cartes en 34 secondes et 6 paquets complets en 10 minutes. Légèrement plus grande surprise, le Britanno-Colombien (Google vient de m’apprendre que c’est ainsi que se nomment les habitants de la Colombie-Britannique) Braden Adams est passé bien près de réussir à le battre! Comme je l’écrivais la veille de la compétition, au cours de la dernière année il s’est entrainé avec une vigueur et une discipline remarquable, faisant des progrès spectaculairement rapides. De mon côté, pour toutes sortes de raisons avec lesquelles je ne vous ennuierai pas, je me suis concentré sur le cours en ligne sur lequel je travaille et j’ai pris beaucoup de retard dans mon entrainement de super "athlète de la mémoire". J’ai bien tenté de déstabiliser Braden en mettant de la drogue dans son eau et en lui lançant des petits objets durant les périodes de mémorisation. Rien n’y faisait, sa concentration était imperturbable! Résultat : il m’a battu dans presque toutes les 10 épreuves, sauf la dernière où j’ai sauvé une partie de mon honneur en mémorisant un jeu de cartes en une minute et 6 secondes, un record canadien qui risque fort de tomber en septembre ( :

Comme je l’écrivais la veille de la compétition, "dans les disciplines de compétition, Braden reste en ce moment presque indéniablement le meilleur au pays, du moins parmi les gens que je peux identifier". Sur le site d'entrainement Memory League, il est à un cheveux de réussir à mémoriser 50 mots relativement difficiles en seulement 60 secondes. Très impressionnant, mais je pense encore que nous n’avons rien vu encore! Ni de lui, ni d’Ezequiel, ni de moi, ni de plusieurs autres qui continuent de s’améliorer, et surtout ni de tous ceux et celles qui n’ont pas encore découvert le potentiel de l’art de la mémoire. Ce n’est qu’une question de temps, du moins j’espère, avant que nos performances de soi-disant "champions de la mémoire” cessent d’être considérées comme étant inaccessibles au commun des mortels.

Francis Blondin

P.-S. J’ai enregistré des entrevues avec Braden Adams et avec Ben Pridmore et j’ai bien hâte de trouver le temps de les retranscrire et de les partager avec vous.

P.-P.-S. Le prochain Championnat canadien de la mémoire, événement indépendant de celui que je viens de décrire, devrait avoir lieu le 1er septembre prochain simultanément à Montréal, Toronto et Edmonton. J’aurai des annonces à effectuer à ce sujet bientôt ( :

Le 2018 IAM Canadian Open Memory Championship et la perte annoncée de mon super titre

Je suis présentement en Alberta où je m’apprête à participer demain au 2018 IAM Canadian Open Memory Championship. IAM est l’acronyme de International Association of Memory, une jeune et fougueuse organisation qui a été formée récemment et dont je vous ai brièvement parlé ici. Le principal organisateur est un enseignant extraordinaire du nom de Darren Michalczuk, auteur de cet excellent ouvrage. Dans le monde de l’éducation, Darren est l’un des rares professeurs à avoir intégré sérieusement, et avec un énorme succès, les techniques de mémorisation à son enseignement.

Alors que le Canadian Memory Championship, la compétition dont j’ai eu la chance de sortir gagnant en 2016 et en 2017, est un événement qui vise principalement à ce que les Canadiens puissent s’affronter entre eux, le 2018 IAM Canadian Open souhaite attirer des participants du monde entier. Mir Ahmad Mahmoodi d’Afghanistan et Selim Aydin de Turquie ont répondu à l’appel, mais des problèmes de visa les ont malheureusement empêchés de se déplacer. Reste le légendaire Ben Pridmore, Anglais trois fois champion du monde et personnage important du merveilleux livre Moonwalking With Einstein, qui a eu la gentillesse de se déplacer. Nous avons tous bien hâte de le rencontrer et de se faire annihiler par ses performances! Parmi les Canadiens, on trouve quelques-uns des élèves de Darren, moi-même, le futur l’un des meilleurs au monde (mark my words) Ezequiel Valenzuela de Montréal et Braden Adams de Colombie-Britiannique.

La compétition va être vraiment difficile. Les épreuves sont plus longues, plus nombreuses, plus exigeantes et plus sévèrement corrigées (vous pouvez voir la liste allant sur ce site et en cliquant sur l’onglet “National”). Je suis un peu malade et, pour plusieurs raisons, loin d’être au sommet de ma forme. Ezequiel vient de complètement changer et réapprendre son système pour les chiffres et les cartes. Cette décision va sans doute beaucoup l’aider à long terme, mais malgré son très haut niveau d’habileté, demain il commence avec un énorme désavantage. Ben Pridmore va très certainement tous nous écraser. Si la mémorisation pouvait causer blessures et douleurs physiques, nous finirions tous la journée à l'hôpital. Parmi les Canadiens Braden Adams est clairement le favori. Depuis sa deuxième place au dernier championnat canadien, il s’est entraîné avec une admirable vigueur et a fait des progrès extrêmement impressionnant. Tout peut arriver en compétition. Stress, distractions, malchances et systèmes de correction sadiques peuvent laisser même les meilleurs avec des résultats médiocres. Mais qu’il remporte ou non la première place demain parmi les Canadiens (et ce serait bien surprenant que ce ne soit pas le cas), dans les disciplines de compétition, Braden reste en ce moment presque indéniablement le meilleur au pays, du moins parmi les gens que je peux identifier. Juste l’autre jour, il est parvenu à retenir une liste de 48 mots relativement difficiles, dans l’ordre, en moins de 60 secondes!

Braden va-t-il également remporter la première place au prochain championnat canadien*? C’est bien probable, mais encore loin d’être certain. Ezequiel aura alors terminé de maîtriser son nouveau super système, je vais me remettre un peu plus sérieusement à l’entraînement et d’autres terrifiants opposants comme Eric Li, Matt Kazakov, Darren Michalczuk, Zhu Shaoshi, Greg Sutherland, Jean Beland, Valérie Grenon, Mike Rodin, Reuben Hosler et possiblement d’autres ont tous de relativement bonnes chances de gagner s’ils sortent de l’ombre et se représentent à nouveau. Dans tous les cas, c’est merveilleux de voir à quel point le niveau a augmenté au pays depuis le premier championnat en 2012. Cela dit, je pense que ce n’est que le début et que nous n’avons rien vu encore. Dans quelques années, quand moi et d’autres auront terminé de faire connaître l’art de la mémoire au grand public, mes résultats de soi-disant “champion canadien” vont commencer à sembler bien banals (-:

*Cela reste à confirmer, mais le prochain Canadian Memory Championship sera probablement tenu simultanément à Montréal et à Edmonton à la fin juillet ou au début septembe, comme l’année dernière.

Une personne âgée peut-elle apprendre à rapidement mémoriser un jeu de cartes? Peut-on développer n’importe quelle habileté à n’importe quel âge?

Commençons par la mauvaise nouvelle: l’âge n’est malheureusement pas qu’un numéro et le temps cause de réels dommages au corps et au cerveau. D’éminents neuroscientifiques comme Adam Gazzaley affirment même que, de leur point de vue, on commence à être “vieux” dès la mi-vingtaine, soit l’âge où commence théoriquement une lente dégénérescence de nos facultés intellectuelles. La bonne nouvelle, c’est que c'est que la majeure partie de cette “dégénérescence” n’est ni inévitable, ni irréversible.

Ce qui rend l’apprentissage réalisable, c’est le remarquable niveau d’adaptabilité du corps et du cerveau humain. Les transformations sont plus faciles et plus rapides à certains âges qu’à d’autres, mais elles restent presque toujours possibles. Aussi longtemps que votre corps reste fonctionnel, vous pouvez développer de nouveaux muscles ainsi que de nouvelles habiletés intellectuelles. La neuroplasticité, soit la formation de nouvelles connexions neuronales, est un phénomène qui perdure tout au long de notre vie. Pour un individu motivé qui s’y prend de la bonne façon, devenir compétent à la pratique d’une activité nouvelle ne prend qu’une vingtaine d’heures de pratique réparties sur quelques semaines. Cette estimation doit sans doute être révisée à la hausse après un certain âge, mais est-ce si dramatique? Soyons très pessimistes et supposons qu’il vous faille 100 heures ou lieu de 20 pour, disons, apprendre à jouer d'un nouvel instrument de musique avec un minimum d'aisance. Cela resterait un objectif tout à fait réaliste. Faites le calcul. En pratiquant 45 ou 50 minutes par jour, 5 jours par semaine, vous pourriez développer deux habiletés complexes et complètement nouvelles au cours d’une année. Pour “trouver le temps”, il suffirait de couper un peu dans les 34 heures de télévision hebdomadaires qu’écoutent en moyenne les Québécois, sans parler des cellulaires et des mille et une façons de perdre son temps sur Internet. Même si pour une raison quelconque, vous commencez et abandonnez en chemin, le processus va rester plaisant et enrichissant.

Qu’en est-il de l’art de la mémoire? Quelques jours avant d’écrire cet article, j’ai donné une conférence devant une foule composée uniquement de gens du troisième âge. Ils ont réussi les exercices avec le même plaisir et la même facilité que les autres groupes à qui j’ai enseigné dans le passé. Il semble qu’il n’y a pas d’âge où l’on cesse d’être capable de visualiser un lieu et une petite histoire. Comme je l'explique habituellement, dès que l'on fait l'effort de les utiliser, les techniques de mémorisation apportent même aux débutants plusieurs bénéfices immédiats. Cependant, il faut un certain entraînement avant de pouvoir les utiliser avec une certaine aisance. Combien de temps? Beaucoup moins que pour la plupart des habiletés. Quant à savoir si c’est hors de portée des plus vieux, je vous réfère à ce qu’est parvenu à mémoriser l’auteur Lynne Kelly durant les dernières années. Wow! Bon d’accord, bien qu’elle aura bientôt 67 ans, elle reste manifestement brillante et particulièrement motivée. Qu’en est-il des gens qui ne sont pas aussi en forme ou pas aussi passionné? À ce sujet, je vous inviterais à jeter un coup d’oeil à cette bien intéressante petite étude. Je n’ai malheureusement pas d’étude plus récente ou plus importante à vous présenter (je vous le dirai quand j’en trouverai), mais je pense qu’elle reste pertinente. Sept patients âgés et souffrant de sévères problèmes de mémoire y ont été entraînés à l’utilisation de l’art de la mémoire. On parle de cas lourds ici, des gens qui sont bien souvent incapables de retenir une liste de trois mots. Trois des sept patients n’ont malheureusement fait aucun progrès significatif. L’auteur de l’étude explique cela par les particularités de leurs problèmes de santé et par le fait que “none of these patients could form vivid visual images, none had any recent memory modality preserved, non were aware of their memory defect or interested in improving it.” Pour les quatre autres cependant, les progrès sont loin d’avoir été minimes. Après un entraînement avec quelques tâches plus simples, “an assignment to memorize the US presidents is easily carried out and the successful patients are usually showing off their memory skill before friends and family”. Si vous avez de votre propre initiative trouvé ce site et lu cet article, vous êtes presque certainement en meilleure position que les patients de cette étude.

En ce qui me concerne, je me sens subjectivement beaucoup plus allumé à trente-cinq qu’à vingt ans. Sûrement que pour quelques tâches, exceller à certains jeux vidéos par exemple, mon potentiel était alors plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui. Mais pour le reste, je suis en meilleure forme physique, je suis plus actif, j’ai beaucoup plus de connaissances, je suis plus calme, plus stable émotionnellement, j’ai davantage confiance en moi et surtout, j’ai développé toute une série d’habiletés qui m’auraient jadis semblé inatteignables. Quand j’aurai 70 ans, je vais sans doute courir plus lentement et avoir plus de difficulté à battre mes records de mémorisation, mais je m’attends à pouvoir faire la grande majorité de ce que je sais faire aujourd’hui et plus encore. Je m’attends également à être toujours en mesure de développer des habiletés complètement nouvelles. Peut-être pas le breakdancing ou l’escalade extrême sans corde, mais certainement des habiletés comme la musique, les arts, la danse ou l’apprentissage d’une langue. Bon d’accord, c’est facile à dire pour moi aujourd’hui. On en reparlera dans trente ou quarante ans, voir si je suis toujours aussi prétentieux! Je pourrais bien sûr développer des problèmes de santé qui me feraient ravaler toutes mes paroles. Mais tant que j’aurai l’usage de mon cerveau, j’ai bien l’intention de continuer d’apprendre.

Conclusion: l’apprentissage est plus lent et plus difficile après un certain âge, mais il reste presque toujours possible. Si j’affronte un coureur olympique et un petit vieux (expression utilisée affectueusement!) dans une course folle jusqu’au parc le plus près, je n’ai pas besoin de vous dire qui va arriver premier et j’espère bien réussir à être deuxième. Quant au petit vieux, ses chances d’arriver en première place sont bien minces, mais tant qu’il continue à avancer, au bout du compte on va tous arriver au même endroit.

 

Quelques précisions supplémentaires:

- Le neuroscientifique Adam Gazzaley, cité au début de cet article, est également impliqué dans toute sorte de projets innovateurs et enthousiasmants pour permettre aux gens de tout âge de développer leurs habiletés intellectuelles. Malheureusement, les programmes développés par son laboratoire sont encore des outils de recherche et ne sont pour l’instant pas disponibles au grand public. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à télécharger cette fascinante entrevue.

- Nous n’avons présentement aucune façon de guérir l’Alzheimer ou de le prévenir de façon sûre. Il semble même qu’après un certain âge, tous les cerveaux presque sans exception montrent certains signes de cette maladie. Cependant, nous avons de bonnes raisons de croire que les gens qui se maintiennent actifs physiquement, intellectuellement et socialement, qui ont des objectifs et qui se lancent des défis vieillissent avec beaucoup plus de facilité. C’est-à-dire que même lorsque leurs cerveaux commencent à subir des dommages, ils ont suffisamment de “réserves cognitives” pour ne pas souffrir des effets. Il faut toujours faire attention avec ce genre de données, mais sachez que les gens bilingues, par exemple, commencent à souffrir d’Alzheimer quatre ou cinq années plus tard en moyenne que le reste de la population. Plus vous maîtrisez de langues différentes, plus l’effet est spectaculaire. Bien sûr, je ne peux faire aucune promesse à cet égard, mais les signes me semblent encourageants. Pour plus de détail, vous pouvez vous rendre à votre bibliothèque préférée et chercher le numéro “July/August 2016” du magazine Scientific American Mind.

- Pour conserver son cerveau en santé, les éléments les plus importants sont le sommeil, l’alimentation saine, l’exercice physique, l’exercice intellectuel, la socialisation et, dans une moindre mesure, la méditation. Je traiterai de ces sujets de façon plus approfondie une autre journée. Pour ce qui concerne l’entraînement intellectuel, cet article de la revue Scientific American offre plusieurs pistes à explorer.

World Memory Championships versus World Memory Championships

Deux organisations rivales ont chacune tenu, à quelques jours d’intervalle, leur propre version d’un World Memory Championships (WMC). La plus ancienne de ces organisations est le World Memory Sports Council (WMSC) de Tony Buzan et Raymond Keene. En réaction aux abus de ces derniers, une jeune et fougueuse nouvelle organisation s’est unie sous la bannière de l’International Association of Memory (IAM). Pensez à l’Empire versus la Rébellion dans Star Wars. Les idéaux qui motivent les intrépides rebelles sont expliqués ici et ici. Je ne connais pas tous les détails, mais à en croire les commentaires qu’on peut voir sur ce populaire groupe Facebook, IAM semble avoir les sympathies de la grande majorité des compétiteurs internationaux. Depuis 2016, une grande partie de ces derniers boycottent le traditionnel championnat WMSC. Alors donc, du 1er au 3 décembre le tout premier IAM-WMC (les “gentils”) a eu lieu à Jakarta, en Indonésie. En est sorti gagnant le fougueux Alex Mullen, jeune étudiant en médecine et responsable, avec son épouse, de l’excellent site mullenmemory.com. Mullen est entre autres parvenu à retenir une petite série de 3238 chiffres en 60 minutes, 568 chiffres en 5 minutes et 133 dates historiques en 5 minutes. Yanjaa Wintersoul, quant à elle, a retenu 212 noms internationaux en 15 minutes alors que Simon Reinhard a retenu 315 mots aléatoires en 15 minutes. Incroyable. Avec un peu de chance et dans des conditions idéales, j’aurais peut-être réussi à mémoriser un tiers de tout cela. Plus de détails sur: http://www.iam-memory.org/

La 26e édition du WMSC-WMC a ensuite eu lieu à Shenzhen en Chine, trois jours à peine après celui de IAM. L’événement était décidément moins international, mais les résultats ont été tout aussi impressionnants. Nouveau record du monde pour la mémorisation d’un jeu de cartes en 13.96 secondes (ben oui) par le Chinois Zhou Lujian. Des théories de tricherie possible circulent sur Facebook (un complot des “méchants” pour attirer l’attention des médias?), mais je ne vois personnellement pas de bonne raison de douter de la légitimité de ce nouveau record. En toute première place, une adolescente de 18 ans du nom de Munkhshur Narmandakh représentant la Mongolie. Sa soeur jumelle, aussi présente, a obtenu des résultats presque aussi spectaculaires. Munkhshur était aussi présente au championnat de IAM à Jakarta où elle a obtenu la deuxième place derrière Mullen, qui lui ne s’est pas présenté à Shenzhen. À Jakarta, Munkhshur a battu un record du monde en mémorisant 34 paquets de cartes en 60 minutes. Non satisfaite de cette performance décevante, elle est parvenue à retrouver son honneur en en retenant 37 à Shenzhen... Et vous combien de temps ça vous a pris la dernière fois que vous avez retenu 37 paquets de cartes d’un seul coup. Plus de détails sur: http://www.worldmemorychampionships.com

Le Darth Vador du WMSC discute des insolents rebelles de IAM: https://www.youtube.com/watch?v=c02l0pkdpyY

Ce qu'il est possible d'accomplir pour des jeunes motivés.

Je dois absolument vous parler des trois jeunes de 16 ans qui se sont présentés dans la section montréalaise du Championnat canadien de la mémoire 2017. La mémorisation est encore, au Canada du moins, une activité très marginale, mais je pense que ce n’est qu’une question de temps avant que cela prenne de l’ampleur et que ce sont des exemples comme ceux-ci qui vont y contribuer. Sami Rasheed de Toronto est parvenu à obtenir d'excellents résultats, 60 chiffres parfaitement mémorisés en 5 minutes par exemple, et ce seulement 6 semaines après s'être initié au domaine. Il s’y est mis durant la période estivale et j'ai bien hâte de voir à quel point cette nouvelle habileté va lui servir dans ses études. Je connaissais déjà Alex McAdams et Ezekiel Valenzuela. J'avais fait de la suppléance dans leur classe, appris tous les noms des élèves la veille et donné un bref atelier sur l'art de la mémoire. Alex avait ensuite commencé à lire sur le sujet et à se pratiquer. Selon ses dires: "*I went from having a 70% average in school to about 90% in a matter of weeks. I really didn't know what my brain was capable of doing." Wow. J'espère voir cette histoire se reproduire chez des milliers d'autres élèves. Quant à Ezekiel, il s'est mis au sujet plus tard, sous l'influence d'Alex. Il a lui aussi tiré profit de ces techniques pour ses études et sa vie de tous les jours, mais il est surtout devenu un réel passionné de tout ce qui concerne ce qu'on appelle la mémorisation sportive. Sa discipline, sa détermination et son désir de s'améliorer dans tout ce qu'il fait m'ont laissé complètement estomaqué. Il n'est malheureusement pas parvenu à reproduire cette performance en compétition, mais en pratique, *ce jeune fou furieux peut maintenant mémoriser l'ordre d'un paquet de 52 cartes en seulement 40 secondes (mise à jour: à la mi-octobre, il est maintenant rendu à 34 secondes). Wow à nouveau. S’il parvient à rester calme et concentré durant les épreuves, ce qui est loin d’être toujours facile, je m’attends à ce qu’il gagne haut la main le prochain championnat. Je pense qu'en plus des bénéfices directs liés à la pratique de l'art de la mémoire, cette expérience d'apprentissage accéléré et cette impressionnante discipline quotidienne vont lui permettre de réussir à peu près n'importe quel de ses projets futurs. Je sais que ces paroles vont sembler quelque peu forcées, mais je crois on ne peut plus sincèrement que ces trois jeunes étaient les trois individus les plus impressionnants dans la salle.

Championnat canadien de la mémoire 2017 - J'ai gagné à un cheveu près.

Le samedi 2 septembre 2017, ça a été difficile mais je suis parvenu à obtenir une deuxième fois le titre de "champion canadien" de la mémoire! La compétition a été tenue simultanément à Montréal et Edmonton. Peu de compétiteurs, mais très haut calibre moyen. Je pensais que tout se passait bien durant la majorité de la journée. J'avais obtenu des résultats un peu décevants dans les noms et visages, mais je m’étais repris en retenant 123 mots en 15 minutes (mon record personnel) et 180 numéros en 5 minutes. Puis un pigeon voyageur est arrivé avec les résultats d’Edmonton et j’apprends alors que l’horriblement cruel Braden Adams était en avance… Enfer et damnation! Il fallait alors absolument - une question de vie ou de mort - que je le batte à l’épreuve des cartes. Premier essai: 1 minute et 3 secondes, mais avec quelques erreurs, donc ça ne vaut rien… Dernier essai… ouf ce n’est pas stressant du tout… 1 minute 12 secondes, aucune erreur. Mes mains ont continué de trembler pendant encore un bon 20 minutes. Yé! Félicitations à Eric Yucong Li, Braden Adams, Darren Michalczuk et Zhu Shaoshi qui ont tous obtenu des résultats largement supérieurs à ceux que j'ai obtenus en 2016. Je ne l'ai appris que plus tard en soirée, mais Eric Yucong Li était parvenu à retenir 172 numéros en 5 minutes et un jeu de cartes en une minute et 29 secondes. Il était lui aussi bien prêt de me dérober la première place. Félicitation à Jean Béland pour sa deuxième place dans l'est du pays, sa discipline et ses rapides progrès. Jean a 44 ans et il s'est initié au sujet au début de cette année. Toute mon admiration aux trois jeunes de 16 ans qui se sont présentés à Montréal et dont je parle dans le post ci-dessus.